1er janvier 1804 proclamation de l'indépendance

AVANT LE PREMIER LE PREMIER JANVIER 1804


Dessalines, après avoir récompensé tous les combattants du Haut-du Cap, les dispersa dans leurs cantonnements respectifs, où le peuple les fêta; mais tous devaient être présents à un rendez-vous général, aux Gonaives, le premier janvier 1804. Dessalines voulait, par une cérémonie solennelle, célébrer la proclamation de l'Indépendance; en attendant, pour bien montrer qu'il fallait oublier la France, il redonna à Saint-Domingue son nom indien d'Haiti.

Le 31 décembre, les généraux se réunirent aux Gonaives, chez Dessalines, pour entendre lire l'Acte de l'Indépendance et la Proclamation du général en chef à la population d'Haiti. Dessalines avait confié le soin de rédiger ces deux documents à Charéron, le plus ancien de ses secrétaires. Charéron ayant longtemps vécu aux Etats-Unis, s'était inspiré de la déclaration d'Indépendance du Congrès américain et avait composé quelque chose d'abstrait, d'allure juridique, sans vie ni chaleur et où rien ne passait des sentiments violents qui émeuvent les âmes. Ce fut dans un morne et lourd silence qu'on en écouta la lecture.

Boisrond-Tonnerre intervint brusquement:<Tout ce qui a été fait n'est pas en harmonie avec nos dispositions actuelles; pour dresser l'acte de l'Indépendance, il nous faut la peau d'un Blanc pour parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baionnette pour plume!>
D'un bond, Dessalines se dresse; < Boisrond, je te charge d'exprimer au peuple mes sentiments à l'égard des Blancs

Toute la nuit, l'immortel rédacteur de l'Acte de l'Indépendance écrivit avec fièvre, mais à l'aube, vaincu par la fatigue, il s'endormit à sa table de travail, et si profondément qu'on eut toutes les peines du monde à le réveiller pour la cérémonie.

LE 1ER JANVIER 1804

De grand matin, clairons et tambours résonnèrent de touts côtés aux Gonaives. Soldats et civils,
enthousiastes, bruyants, remplirent les rues en un clin d'oeil. Le peuple afflua des campagnes, et une foule immense où femmes et jeunes filles richement parées coudoyaient les soldats, se pressa sur la place d'armes autour d'un autel de la patrie que dominait, seule, la fine et fière silhouette du palmiste de la Liberté.


A sept heures, tandis qu'un soleil radieux illuminait la cité, Dessalines, entouré du brillant cortège des généraux,fendit la foule, gravit les marches de l'autel de la Patrie et rappela, dans un véhément discours en créole, tous les tourments que les indigènes avaient endurés sous la domination française. En terminant, il s'écriat le bras tendu; "Jurons de combattre jusqu'au dernier soupir pour l'Indépendance de notre Pays"...

De toutes les poitrines, jaillit, formidable, accentué par la voix sèche et rageuse des canons, le serment, mille fois répété, de vivre libre ou de mourir.

Quand le tumulte fut apaisé, Boisrond-Tonnerre, debout auprès de Dessalines, donna lecture; 1-de la proclamation du général en chef; 2- de l'Acte de l'Indépendance signé de Dessalines et des principaux officiers de l'armée.
Ensuite, tandis que la foule s'écoulait par les rues de la ville, le cortège officiel se rendit au Palais du Gouvernement. Là, par un acte libre, les lieutenants de Dessalines le proclamèrent gouverneur général à vie de l'île d'Haiti, jurèrent d'obéir aveuglément aux lois émanés de son autorité, et lui donnèrent le droit de faire la paix et la guerre, et de nommer son successeur.
Quelques jours plus tard, la publications de ses actes officiels dans toutes les villes et tous les bourgs d'Haiti provoqua de nouvelles réjouissances populaires.


Un nouvel Etat était né; il fallait le défendre, il fallait l'organiser.

HISTOIRE D'HAITI. (Docteur J.C.Dorsainvil)

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