Un coin d'Haiti

Douilletement couchée entre deux bras de terre qui s'avancent dans la mer bleue, doucement caréssée par la brise qui vient de la vaste baie, bien protégée des grandes tempêtes par les hautes montagnes qui l'environnent, la petite ville est un véritable paradis.


Pour compléter son charme, il a été aménagé au beau milieu de cet éden, un gentil petit parc... Coin féérique!... Rendez-vous des amoureux!... Des bancs de granit aux coins des allées ombragées et fleuries où se mêlent les senteurs du jasmin, de l'oeillet et du uis.

Une fontaine ronde où des anges vêtus de bleu à la joue gonflée, font jaillir de leurs trompettes blanches, une eau fraîche et argentée. Bien au centre du parc, un vaste kiosque où, certains soirs de fêtes, se réunissent des musiciens impeccables dans leur costume blanc.

Ces membres de l'orchestre philarmonique dirrigé par un fils de la ville, le prestigieux Demesvar Alexis, offrent des concerts très prisés de la foule accourue en ces lieux.

Dominant le tout, la colonne de marbre érigée à la mémoire d'un des présidents de la république. La petite ville est très fiére d'avoir donné deux présidents à la nation : Philippe Guerrier et Nissage Saget. Philippe guerrier, l'un des grands soldats qui avaient combattu pour l'indépendance du pays fut, sous le règne de l'empereur Faustin Soulouque, nommé Duc de l'Avancée.

Aussi avait-il demandé qu'aprés sa mort, une partie de ses restes fut entérrée là où il a connu la gloire en combattant au fort de l'Avancée, (à Dessalines) et l'autre partie, dans le parc qui porte aujourdhui son nom "Place Philippe Guerrier".

Quant à Nissage Saget, celui qui répétait souvent << Je suis ni sage ni fou>>, il fut l'un des rares présidents d'Haïti à ne pas essayer de s'accrocher au pouvoir à la fin de son mandat.

Aux sénateurs dont les votes lui accordaient un second mandat, il déclarait que la Constitution du pays ne le lui permettait pas et que, selon lui, la Constitution avait plus d'autorité que le Senat.

Une belle rue de la Cité porte son nom. Deux longues artères traversent entièrement la ville conduissant aux deux portails (L'entrée et la sortie), tandis que les rues adjacentes ammènent toutes à la mer.

Partant du parc, la rue dite de l'église conduit à un majestueux édifice
à allure de cathédrale du haut duquel une grande horloge, - à l'instar du vénéré
Big-Ben de Londres- distille l'heure à toute la ville.

Egalement de la haut, le carillon des trois grandes cloches dénommées Marie Joseph et Marc, fait l'émerveillement des fidèles.

Au porche de l'église une plaque commémorative rappelle que, de cet endroit, sont partis de valeureux Haïtiens qui allaient à Savanah combattre aux côtés des Américains qui luttaient pour l'indépendance
de leur pays.

De l'autre côté du parc, face à la rue de l'église et comme pour la prolonger, se dresse l'aqueduc qui conduit au quai... Vers les splendeurs de la mer... Ah cet inoubliable quai!... Le Warf, comme nous disions en ce temps-là!

Les amoureux y allaient au crépuscule pour admirer le coucher du solieil... Entouré d'une extraordinaire auréole de grands doigts d'or qui se reflêtent sur la mer embrasée, l'astre royal descend lentement derrière les nuages empourprés

Lentement, pouce par pouce, il plonge et disparait dans l'océan, laissant traîner un féérique
décor sur l'immensité frissonnante... Chaque soir de beau temps, le magnifique scénario se répête. Et sans se lasser, toujours fidèles au rendez-vous, les amoureux viennent y assister...

Puis la gorge sérrée par l'émotion, l'âme transportée devant tant de magnificence, ils feront volte-face pour se diriger vers le parc. Là, assis sur un banc, main dans la main, ils se rediront pour la millième
fois leur chanson d'amour... C'était la ville des amoureux et des poëtes!...

Si vous avez reconnu votre coin de pays, faites nous signe.

Une Saint-Marcoise

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